En sortie d’école, quel a été votre parcours ?
J’ai commencé par travailler dans le secteur de l’offshore à Technip à Paris sur des calculs hydrodynamiques. Au bout de 2 ans, j’ai rejoint les équipes en charge du développement des éoliennes flottantes. C’était le début de Technip dans ce domaine et cela m’intéressait d’y contribuer. On travaillait sur l’ancrage des plateformes, le mouvement des éoliennes…
Au terme de 4 ans ½, j’ai postulé chez DCNS (aujourd’hui Naval Group) qui avait un incubateur dédié aux projets EMR. En tant que responsable hydrodynamique, je travaillais sur un démonstrateur. Il s’agissait des premiers développements des EMR en France, c’était une période très stimulante.
Vous avez ensuite décidé de partir à l’international ?
Oui, j’avais ce projet en tête de m’installer à l’international. Pendant mes études, j’étais parti 3 mois en Allemagne mais cela m’avait laissé une impression de trop peu. Une opportunité s’est présentée de travailler pour Total en Norvège. Il s’agissait d’un poste d’architecte naval : la transformation d’un tanker en plateforme pétrolière.
Cela a été une expérience très riche à la fois sur le plan professionnel et personnel. Grâce à mon métier d’expert j’ai pu échanger avec de nombreux contacts. Il m’a aussi permis de suivre le chantier. J’ai ainsi travaillé 15 mois en Norvège sur la préparation du projet puis 9 mois en Pologne sur le suivi de production (chantier).
C’est à cette période que vous avez commencé à imaginer un concept basé sur l’énergie des vagues ?
Lorsque j’étais en Norvège, avec un collègue, nous avons cherché à développer un concept houlomoteur (basé sur l’énergie des vagues). En tant qu’hydrodynamicien, j’y voyais 2 principaux enjeux : la possibilité de produire de l’électricité d’une part et de l’autre, une capacité de propulsion des navires par la cinématique
A quel moment le concept est-il devenu un projet concret ?
A mon retour en France, j’ai pris une année pour développer techniquement le projet. Au bout d’un an, j’ai souhaité partager mes idées, sortir de ma bulle et avoir des retours sur mes travaux.
J’ai contacté 2 connaissances dont un chercheur de l’Ifremer. Celui-ci m’a rapidement mis en contact avec la direction de l’Innovation qui essayait à cette période d’identifier des porteurs de projet pour les accompagner.
Par la suite, l’Ifremer a confirmé son intérêt pour mon projet et leur souhait de m’accompagner au démarrage de celui-ci. C’est comme cela qu’en juillet 2018, j’ai signé un contrat de travail de 18 mois avec eux qui me permettaient d’être accompagné dans mon projet et de bénéficier de leurs moyens d’essais.
Cette période m’a également permis d’avancer sur la question du marché, des utilisateurs de cette technologie. C’est finalement, la propulsion des navires de transport qui est apparue comme la plus pertinente.
Et Bluefins ? A quel moment la start-up a-t-elle vu le jour ?
En 2020, au terme de mon CDD avec l’Ifremer, j’ai cherché et trouvé un premier partenaire privé. Il s’agit de TotalEnergies. L’entreprise dispose d’une flotte de méthaniers et en tant qu’affréteur, elle cherche à réduire ses coûts de carburants.
J’ai créé Blue Fins à ce moment-là et signé un contrat tripartite avec l’Ifremer et TotalEnergies pour une durée de 3 ans. J’ai également recruté un ingénieur qui travaillait auparavant pour l’Ifremer et qui m’avait épaulé sur le projet.
Pourquoi BlueFins ?
Fins, ce sont les nageoires de baleines : notre système s’en inspire pour récupérer l’énergie des vagues à des fins de propulsion. Blue pour l’aspect maritime et économie bleue du projet.
Quels ont été les premiers travaux de BlueFins et quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
Dans le cadre du contrat qui nous lie à Total Energie, nous avons structuré le travail en plusieurs phases :
- En 2020, nous avons travaillé sur des études macro pour identifier les gains possibles avec notre système. Nous sommes arrivés à un chiffre de 20% de gains de la consommation énergétique.
- En 2021, nous poursuivons les développements avec en ligne de lire la réalisation d’essais en bassin sur un prototype à échelle réduite en 2022, puis en 2023 des essais en mer.
Nous espérons lancer une première tête de série à l’échelle des navires de transport courant 2024.