L’itinéraire, les étapes, les partenariats, tout avait été bien ficelé en amont du voyage, mais dans n’importe quel voyage, l’imprévu est au rendez-vous…
Tant mieux si ça ne s’est pas passé comme prévu ! Quand on voyage à la voile, on embrasse l’incertain !
Même lorsqu’elles perdent le safran du voilier au milieu de l’Atlantique, les deux voileuses gardent le sourire.
Après avoir entendu le signal d’alarme du pilote automatique, nous nous sommes aperçues que nous étions en train de perdre notre safran. Il nous a glissé des mains, il était trop tard pour intervenir. Alors on a ri, on a chanté pour faire face à la tension et au stress, « Mon Safran, ma bataille » notre œuvre la plus emblématique à ce jour !
Taina et Charlotte, ingénieures ingénieuses se relaient nuit et jour pour rester concentrées et trouver la meilleure solution. C’est finalement l’utilisation de bouts, laissés à la traine derrière le bateau, qui leur permettra de se rapprocher de l’île de Faial, aux Açores. Puis, l’association de deux wishbones, rendant possible la manœuvre d’arrivée dans le port de Horta, les aidera à finaliser cette traversée de l’Atlantique haute en couleurs.
Leur voyage s’est étendu sur une année sur un parcours de près de 10 000 miles nautiques. Les nombreuses heures passées en mer, la promiscuité, nécessite d’apprendre à vivre ensemble.
Le plus grand défi pour nous deux ça été le défi humain.
Un défi qu’elles auront relevé haut la main.
À terre, la vie fait qu’on n’a pas le temps de se poser toutes les questions que l’on voudrait. On ne prend pas assez le temps de se comprendre. Le voyage à la voile c’est des heures et des heures de lâcher prise, de contemplation, une forme de méditation.
Ces journées d'introspection s'achèvent par des retours à terre souvent violents. Regards insistants, blagues douteuses et remarques sexistes sont le lot quotidien des escales. Autant de moments qui entachent le voyage mais qui n'entament pas le moral de Taina et Charlotte. Taina ajoute :
Nous voulons souligner que tout n'a pas été idyllique. Néanmoins, ce que nous retenons ce sont d'incroyables rencontres. Par exemple, lorsque nous étions en Guyane, aux îles du Salut, nous avons rencontré Joe, un légionnaire gardien de l’Ile St Joseph. Nous n’étions pas en mesure de visiter les Iles en raison des courants et de notre embarcation. Il est alors venu nous chercher en bateau et nous a fait visiter son ile, chargée d’histoire. C’était un beau moment, il m’a rappelé ma famille de Polynésie.
Tout au long de leur aventure, elles ont à cœur de partager leur expérience. Elles échangent notamment avec une classe UPE2A allophone de Besançon : des lycéens arrivés récemment en métropole qui apprennent le français.
Leur professeure s’est appuyée sur notre projet de voyage pour faire cours. Ils nous posaient des questions dans leurs langues et en français et nous y répondions. Ça nous a beaucoup remuées de recevoir leurs questions, comme « Pourquoi le voyage ? ». Ça a été un échange constructif pour eux comme pour nous.
Quelques jours après leurs retours, Taina est de retour sur les bancs de l’ENSTA Bretagne pour finir sa formation d’ingénieure hydrographe. Au cours de cette année de césure, elle aura développé de nombreuses compétences utiles à son futur métier et aura recueilli de nombreuses données.
Avant notre départ, Antoine Cousot, co-fondateur d’Oceanovox nous a donné l’un de ses capteurs et Pierre Bosser, enseignant chercheur à l’école, a installé une antenne GNSS afin d’estimer la concentration d’eau dans l’atmosphère.
Quant à Charlotte, qui est jeune diplômée en architecture navale, elle a choisi de prendre du temps pour faire durer l’aventure « Into the Wakes » sous d’autres formes. En parallèle, elle envisage une aventure professionnelle entrepreneuriale en écho à cette fantastique aventure !