Pour quelles raisons as-tu choisi d’intégrer l’ENSTA Bretagne sous statut militaire ?
J’avais pour ambition d’être ingénieur et je ressentais le besoin de m’engager et de servir la patrie. La formation des ingénieurs des études et techniques de l’armement (IETA) d’ENSTA Bretagne s’est présentée comme la plus adaptée à mon projet.
C’est une formation qui m’a beaucoup apporté. J’ai le sentiment d’avoir gagné en maturité, notamment lors de l’année de découverte des armées « année 0 » . La transition entre l’année 0 et la première année à l’ENSTA Bretagne s’est bien faite, je garde un excellent souvenir de l’intégration. J’ai beaucoup aimé la mixité entre les élèves IETA et les civils. D’un point de vue plus personnel, j’ai eu la chance d’être porte-fanion pendant plusieurs cérémonies militaires, une reconnaissance de la part de l’école et une très grande fierté.
Que retiens-tu de tes années d’études, quels souvenirs marquants ?
Trois projets m’ont beaucoup marqué lors de mon cursus. Le premier s’est déroulé lors de l’année 0 que j’effectuais à l’EOGN Melun (Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale). J’étais chargé de concevoir une application pour la lutte contre la cybercriminalité. Ça m’a énormément responsabilisé.
Le deuxième défi auquel je suis fier d’avoir contribué est ma participation à la « Miliste ». Dans le cadre des campagnes d’élection du nouveau bureau des élèves (BDE), j’ai eu la chance de faire partie de la « Miliste », une liste composée d’élèves militaires dont le but est de récolter des fonds pour l’organisation d’un défi sportif au profit du Bleuet de France. C’est une expérience incroyable, car cela m’a permis de participer aux campagnes BDE, et de récolter des fonds pour une cause qui me tient à cœur.
Le troisième souvenir marquant lors de mes études est la réalisation d’un projet de groupe sur la détection d’objets flottants dérivants (OFNI) pour les embarcations autonomes. Nos travaux ont d’ailleurs été remarqués par le centre DGA Techniques Navales de Brest et par l’entreprise Pixel sur Mer (spécialiste dans le développement et l’intégration d’équipements pour la navigation). Savoir que notre travail est reconnu par des entités extérieures est très gratifiant.
A quel moment et pour quelles raisons as-tu choisi de te spécialiser en robotique autonome mobile ?
Lorsque j’ai choisi d’intégrer la formation IETA à l’ENSTA Bretagne, mon but était de rejoindre la voie d’approfondissement « Systèmes Pyrotechniques ». Je voulais notamment participer aux spécifications et aux essais des munitions de petit et moyen calibre pour la DGA. Cependant, lors de ma première année de formation à l’ENSTA Bretagne, j’ai préféré m’écarter de cette voie après avoir compris que les cours de mécanique des fluides n’étaient pas pour moi.
Durant cette même année, et grâce à l’expérience acquise en année 0, je me suis trouvé une appétence et une passion pour l’électronique et l’informatique. J’ai apprécié le cours de Boucle Capteurs-Actionneurs (BCA) qui consiste à programmer un robot dans un simulateur pour lui faire suivre un circuit donné de manière autonome. J’ai aussi particulièrement aimé la pédagogie des professeurs de robotique.
Aujourd’hui, je me sens prêt à assurer mes fonctions d’ingénieur, car durant ce cursus, j’ai développé un large panel de compétences allant de la réalisation mécanique d’un robot (conception, usinage et fabrication) à l’implémentation de ses algorithmes de contrôle (traitement de données, guidage et intelligence artificielle).
As-tu réalisé une expérience à l’international dans ton parcours ?
J’ai réalisé mon stage de deuxième année en Allemagne dans un centre de recherche. J’avais pour mission de concevoir des plateformes robotisées permettant aux étudiants et aux doctorants d’implémenter et de tester des algorithmes de contrôle.
Une expérience grâce à laquelle j’ai pu découvrir une nouvelle langue et une nouvelle culture. Je continue d’apprendre l’allemand. Ce stage a été déterminant dans mon choix de carrière, puisqu’il m’a permis d’affirmer ma volonté de poursuivre en thèse.
Etais-tu impliqué dans la vie étudiante de l’école ?
J’étais vice-président et responsable communication du club robotique. Nous avons relancé l’activité du club robotique après la crise sanitaire du Covid-19. L’objectif du club est de participer à la coupe de France de robotique mais aussi, d’apporter un soutien technique aux autres clubs. Par exemple, l’un des projets de cette année était la réalisation d’un CanSat au profit du club Spacieta.
La gestion d’un club aussi important en matière d’effectif est plus complexe d’un point de vue organisationnel que d’un point de vue technique. J’ai trouvé cette difficulté formatrice puisqu’en tant qu’ingénieur, nous sommes amenés à évoluer vers des postes de managers.
Où as-tu réalisé ton PFE ? Quelles étaient tes missions ?
J’ai réalisé mon PFE au laboratoire de recherche Lab-STICC sur le campus ENSTA Bretagne dans l’objectif de faire une thèse l’année suivante. J’ai fait en sorte que mes choix de stages soient cohérents avec mon parcours. Mon PFE portait sur un projet d’innovation pour l’AID (Agence d’Innovation Défense du ministère des Armées).
J’ai proposé de réaliser un robot à partir d’une roue de vélo. Le but étant de produire un robot à bas coût, qui soit rapide et résistant pour faire de la reconnaissance sur des sites dangereux ou difficiles d’accès.
L’avantage de ce système est son autonomie et sa discrétion. Ultérieurement, nous pourrons envisager l’intégration d’un système d’observation ou d’un tracker. À titre d’exemple, ce système pourrait être utile pour effectuer des missions de reconnaissance sur des sites endommagés par des catastrophes naturelles ou bien des missions de surveillance sur des sites militaires.
Sur quel sujet porte ta thèse ?
J’effectue ma thèse sur le campus de l’école, au sein du Lab-STIC. Elle est financée par la DGA et s’inscrit dans le thème de la lutte contre les mines. Je travaille sur le projet SLAM-F, un nouveau programme de lutte anti-mines. L’idée est de protéger les militaires par l’intervention d’un vecteur robotique.
Concrètement, il s’agit d’utiliser un bateau qui envoie des robots sous-marins autonomes (meute de drones) pour sonder le fond marin. De retour à la surface, les robots transmettent au bateau les images SONAR. Lorsqu’un objet suspect est identifié, un robot téléopéré (ROV) est envoyé sur place pour vérifier l’information à l’aide d’une caméra. Si l’information est validée, le ROV peut neutraliser l’objet suspect.
Dans le cadre de ma thèse, je travaille sur un algorithme de planification de trajectoire permettant d’exploiter les caractéristiques du fond marin (ndlr : sous l’eau, il n’est pas possible d’utiliser un GPS, il est donc nécessaire de développer des techniques de localisation spécifiques au milieu marin). L’enjeu est de retrouver la trajectoire du robot autonome pour permettre au ROV de rejoindre le bon objet et non un objet similaire. Ma thèse cherche donc à répondre au questionnement suivant : Comment peut-on garantir que le ROV a rejoint le bon objet suspect en exploitant les caractéristiques du fond marin ?