

Dans le jargon des sous-mariniers, on les appelle « les oreilles d’or ». Ce sont en fait des analystes en guerre acoustique chargés d’interpréter tous les sons que le sonar de leur bâtiment capte, qu’il se contente d’écouter passivement ou de recueillir l’écho de ses propres impulsions. Dans la séquence inaugurale du célèbre film de fiction consacré à l’un d’entre eux, « Le chant du Loup », l’oreille d’or commet une erreur d’interprétation qui met en péril tout l’équipage. Dans la vraie vie, la thèse de doctorat que vient de soutenir Louise Pacaut pourrait sauver la mise de bien des équipages en dépolluant les mesures des sonars.
Mais comment en vient-on à devenir l’ange gardien des sous-mariniers après avoir suivi le cycle ingénieur de l’ENSTA ? Par amour de la musique essentiellement, prolongé par un vif intérêt pour l’acoustique.
Lors de ma première année du cycle ingénieur de l’ENSTA, j’ai pris toutes les options liées à l’acoustique car je trouvais le sujet intéressant. Les cours se sont avérés passionnants si bien que mon intérêt pour la discipline s’est encore accru. En deuxième année, j’ai également effectué mon projet de recherche dans le domaine, en aéro-acoustique environnementale. Puis pendant mon année de césure, j’en ai profité pour m’intéresser à l’acoustique sous-marine lors d’un stage chez NAVAL Group, et c’est là que ce sujet de thèse m’a été proposé.

En complément de précédents travaux de doctorat menés également entre l’équipe Poems de l’ENSTA et NAVAL Group, il s’agissait de prendre en compte dans la mesure du bruit rayonné la vibration de la surface des parties pleines du sous-marin, telles que barres de plongée, ailerons, ou encore hélices.
Cette vibration vient polluer les mesures faites par les sonars. Les signaux envoyés du sonar vers les analystes sont donc corrompus et peuvent les induire en erreur (passer à côté d’une information comme la présence d’un bateau ennemi, ou mal interpréter un son par exemple). L’objectif de mon travail est donc de prendre en compte la vibration de la structure, pour l’intégrer dans l’algorithme de traitement du signal du sonar, et ainsi dépolluer les mesures qui seront analysées par les oreilles d’or. Les signaux seront donc moins « bruités » et plus faciles à interpréter.