Étudiant en architecture navale et offshore à l’ENSTA Bretagne, Maxime a réalisé une traversée de l’Atlantique à la voile lors de son année de césure. Parti de Brest le 25 septembre 2021 à bord de « JP », un first 30 de 1979, le navigateur en herbe a fait son retour en métropole le 25 juillet dernier.
Que retiens-tu de cette aventure ?
Ce que j’ai préféré pendant ce voyage, ce sont les rencontres que j’ai faites. Aux Canaries, j’ai croisé le chemin de Sibylle et Thomas, un couple de passionnés de voile. On est devenu très proches, nous sommes toujours en contact.
J’ai également fait d’autres très belles rencontres, des couples de voyageurs, mes voisins de ponton en Martinique, Corto un étudiant de l’ENSTA Bretagne, et enfin des passionnés de navigation aux parcours très inspirants comme Yann Quénet et Philippe. Sur le ponton, il y a une vraie entraide et une proximité entre marins, la différence d’âge n’existe plus.
As-tu rencontré des difficultés ?
Nous sommes partis à quatre de Brest jusqu’à Lisbonne (mon père, Benjamin également étudiant à l’ENSTA Bretagne, son frère et moi-même) après une escale à Lisbonne où nous avons déposé mon père et le frère de Benjamin, nous avons pris la direction des Canaries où nous avons dû sortir le bateau pendant trois semaines à cause d’une voie d’eau, le tube d’étambot était cassé. C’était une course contre la montre, nous avons donc préféré annuler notre escale au Cap-Vert.
La deuxième difficulté majeure que nous avons dû surmonter avec Benjamin, a été de naviguer une semaine sans pilote automatique dans des vents quotidiens de plus de 30 nœuds montant parfois à 50 nœuds durant une nuit, une expérience éprouvante où nous sommes allés au bout de nous-même.
Qu’est-ce que cette traversée t’a apporté d’un point de vue personnel ?
Avant cette traversée, j’étais plus timide. Grâce aux rencontres que j’ai faites, je me suis davantage ouvert aux autres. J’ai gagné en assurance également. Sur le trajet aller, j’ai un peu perdu mon sang-froid lorsque le pilote était cassé, heureusement que Benjamin était là ! Cette expérience m’a beaucoup apporté, puisqu’au retour, lorsque nous avons eu un autre incident, j’ai davantage analysé la situation, j’étais beaucoup plus calme. J’ai également développé mon sens de la débrouillardise, notamment lorsque j’ai réparé des pièces cassées avec le peu d’outils dont je disposais à bord.
Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté d’un point de vue professionnel ?
Pendant mes escales, j’ai navigué sur d’autres bateaux, de ce fait, j’ai acquis énormément de connaissances sur le monde de la voile. En Martinique, j’ai travaillé dans une voilerie pendant un peu plus de trois mois. Cela a vraiment renforcé mon intérêt pour ce domaine et cela m’a aussi permis d’améliorer mon anglais. J’ai beaucoup appris lors de cette expérience professionnelle, on se rendait des services entre collègues et l’on partageait nos compétences techniques. Je suis actuellement en contact avec une voilerie pour mon stage de fin d’études (PFE), j’aimerais que ce projet se concrétise, pour peut-être plus tard avoir la chance de fabriquer des voiles de bateaux de courses.
Cette expérience m’a également donné envie de découvrir l’entrepreneuriat. En Martinique, j’ai eu la chance de rencontrer Philippe, un passionné de voile qui m’a fait bénéficier de son expérience et de son savoir-faire dans ce domaine. Ensemble, nous réfléchissons à un projet de fabrication d’annexes rigides en composites, légères et surtout faciles à construire pour pouvoir le faire nous-même sans avoir besoin de trop d’infrastructures ou de matériels très sophistiqués.
Qu’est-ce qui te manque le plus depuis ton retour de traversée ?
La liberté, le fait de pouvoir aller où je veux quand je veux, ainsi que la proximité et l’entraide entre marins. Et bien sûr le climat des Caraïbes !
Un conseil à partager ?
Il faut suivre ses envies, ne pas se soucier de la suite et profiter du moment présent !
Les anecdotes de Maxime :
- J’ai fait un secret Santa avec des inconnus.
- Lors du trajet retour avec Paul, nous avions passé 20 jours en mer sans voir personne lorsqu’un oiseau est rentré dans la cabine.
- Il est facile de se défaire de la terre comme il est facile d’y retourner, la vie reprend vite son cours.
- Lors de la traversée, nos familles avaient des nouvelles de nous tous les 4 à 5 jours, en revanche de notre côté, nous n’en avions qu’une ou deux fois pendant nos traversées.
- On peut vivre avec très peu, mais les douches, le fromage et le pain frais finissent par nous manquer !
