Étudier la présence des mammifères marins par l’écoute de leurs vocalises et du paysage sonore sous-marin : c’est la mission des chercheuses et chercheurs de l’ENSTA Bretagne spécialisés en acoustique passive. L’équipe a récemment été formée pour déployer un planeur sous-marin autonome équipé d’un enregistreur acoustique. Les premières observations et enregistrements depuis le voilier de l’association Skravik en partenariat avec l’observatoire Pelagis de La Rochelle Université sont prometteurs.
Acquis par l’ENSTA Bretagne dans le cadre du projet de recherche « Glider and Whales » financé par la Fondation Total pour la biodiversité, le planeur sous-marin ou « glider » en anglais mesure 3 mètres de long et peut se déplacer jusqu’à 700 mètres de profondeur. C’est un équipement de haute technologie non intrusif et zéro émission développé par une entreprise française.
Sans moyen de propulsion, le planeur est équipé d’une vessie qui joue le rôle de ballast. Elle va se remplir ou se vider selon la profondeur de déplacement souhaitée. La batterie embarquée avance et recule également pour faciliter l’équilibre recherché. Enfin, ses ailettes permettent de jouer sur la trajectoire et modifier le cap.
Équipé d’un hydrophone et d’instruments de géolocalisation et de transmission/réception, le glider enregistre le paysage sonore sous-marin ambiant avec une autonomie de 3 semaines.
Mathieu Dupont, ingénieur de recherche en acoustique passive à l’ENSTA Bretagne, laboratoire Lab-STICC :
L’enjeu pour nous est d’écouter les baleines qui évoluent dans des profondeurs importantes comme les cachalots ou les baleines à bec ou d’explorer des zones éloignées où vivent des espèces pélagiques. Le glider permet de compléter des dispositifs d’écoute fixés sur des mouillages existant en milieu côtier.
Récemment formée à la prise en main du planeur, l’équipe a réalisé une première mission exploratoire dans le Golfe de Gascogne à bord du catamaran de l’association Skravik : un voilier de travail polyvalent qui propose notamment de l’appui à la recherche scientifique avec une faible empreinte environnementale.
Nous nous sommes associés au projet Delgost mené par l’observatoire Pelagis de La Rochelle Université. Ce projet de recherche porte sur l’étude des dauphins communs dans le Golfe de Gascogne à l’aide de données biologiques (biopsies). Les méthodes acoustiques apportent des éléments complémentaires à leurs mesures. Nous avons actuellement peu d’enregistrements dans cette zone pourtant riche en diversité. On a d’ailleurs observé visuellement certaines espèces telles que le rorqual commun, ou le cachalot.
précise Mathieu, présent à bord du voilier pour déployer et récupérer le glider tandis que le reste de l’équipe planifiait les trajectoires et pilotait le glider depuis Brest.
Le planeur se déplace très doucement, à 0,5 nœuds en moyenne soit 1km/heure environ. La trajectoire programmée doit donc anticiper les courants, les fonds, la météo pour éviter les dérives. Mais, le bilan de cette première mission est très prometteur. Le planeur permet d’atteindre de zones de grandes profondeurs, difficilement atteignables. « Nous envisageons de futures explorations dans le Golfe de Gascogne ainsi que dans l’océan Indien au niveau des îles de St-Paul et Amsterdam » conclut Mathieu.
