Paul est élève-ingénieur en troisième année, en spécialité Architecture Navale et Offshore. Pierre est chef de projet au sein de Junior IMPACT et élève-ingénieur en première année. Pendant 6 semaines, ils ont accompagné deux entrepreneurs de la région d’Avignon, porteurs du projet Ec’eau Flow.
Ces derniers souhaitent innover dans le domaine de l’hôtellerie et du logement, en proposant des barges habitables quasi autonomes en énergie électrique, une sorte de tiny house flottante. Ce concept est déjà mis en place dans des villes comme Copenhague, Malmö et Amsterdam, mais encore inédit en France.
Quel est le but de ce projet ?
Pierre : Le travail de la Junior Entreprise dans ce projet était de fournir un outil permettant au client de vérifier la stabilité de son concept. Concrètement, le client nous a transmis le devis de masse de son concept (tableau récapitulatif des masses et de leurs positions au sein d’un navire) et les plans du flotteur utilisé.
A partir de ces informations, Paul, en charge de l’étude, a pu caractériser la stabilité de la barge. Afin de prendre en compte les futures modifications des barges, le client souhaitait disposer d’un outil simple et rapide pour vérifier, après chaque modification, la stabilité du produit.
Quelles connaissances acquises en cours avez-vous pu mettre en application ?
Paul : Pour cette étude, j’ai réalisé diverses actions :
- Tout d’abord, il a fallu mobiliser des connaissances théoriques à propos de la stabilité des navires. Pour cela, j'ai dû piocher dans les cours de l'ENSTA Bretagne et faire un peu de bibliographie.
- J’ai travaillé avec des logiciels spécifiques à l’Architecture Navale, construit une feuille de calcul et j'ai vérifié mes résultats pour avoir un étalonnage. Cette phase, que j'avais déjà faite lors d'un précédent projet, est une mise en pratique des cours que nous avons suivi à l'ENSTA Bretagne.
- J’ai aussi amélioré mes compétences pédagogiques. J'ai dû expliquer au client, qui n'est pas issu du monde scientifique, des notions simples de physique (force, moment, coordonnées) et des notions plus complexes de stabilité des navires (métacentre, raideur hydrostatique). Dans la conception de l'outil j'ai également dû mettre en valeur les informations importantes et une méthode simple pour les évaluer.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? Qu’est-ce-que cela vous a apporté ?
Pierre : A titre personnel, j’ai beaucoup apprécié le fait de travailler sur un sujet dans le cadre de l’architecture navale, avec une idée novatrice. Cela nous a permis d’adopter une vraie démarche d’ingénieur, puisque le client n’était arrêté sur aucun point précis en ce qui concerne son architecture. Il était donc tout à fait enclin à prendre en compte nos remarques sur leur travail.
D’un point de vue professionnel, ce travail m’a permis de développer mes qualités de relationnel client, puisque le chef de projet doit suivre les besoins du client tout au long de la collaboration. J’ai aussi appris à gérer un planning, respecter les dates de rendu convenues avec le client et donc de répondre au contrat qui avait été établi. Enfin, je pense avoir développé mon esprit de synthèse (rédaction de comptes rendus et point hebdomadaire avec le client).
Paul : J’ai aimé travailler sur ce projet car il m’a permis de prendre du recul sur le gros projet de troisième année dans le parcours Architecture Navale et Offshore : le bureau d’étude boucle navire. Ce projet, qui rassemble une équipe de 5 étudiants pendant un mois, nous place en tant qu’architectes naval devant répondre à un appel d’offre lancé par les professeurs. Nous devons proposer une architecture de navire à passager répondant aux demandes de l’armateur et aux réglementations légales, en particulier celles relatives à la stabilité des navires. Pour répondre à ces exigences, nous avons modifié à de nombreuses reprises le devis de masse de notre navire et à chaque modification nous devions vérifier la stabilité du navire. Ce processus nous a parfois semblé fastidieux !
Lors du projet Ec’eau flow, je n’étais pas placé en tant que concepteur mais en tant que facilitateur. Je mesurais bien à quel point chaque modification du concept entraîne de longs calculs de stabilité. Mon rôle était alors de proposer un moyen simple pour accélérer ces calculs.