Régulièrement souligné dans ses évaluations (CTI, ISO...) comme un point fort de l’école, les sciences humaines et sociales tiennent une place importante dans la formation des ingénieurs ENSTA Bretagne avec des matières à visée utilitariste (management, marketing...) ou plus réflexive (sociologie, philosophie...). Elles intègrent aussi des ateliers d’ouverture culturelle comme les arts plastiques ou le théâtre qui développent l’esprit de créativité.
La formation a été pensée pour être en connexion permanente avec la recherche (les enseignants sont pour la plupart des chercheurs qui enrichissent leurs cours de leurs dernières avancées) et les entreprises (stages, projets industriels, conférences...).
L’ouverture internationale est également au cœur de la formation (apprentissage des langues et larges possibilités de mobilités pour des stages ou des substitutions) et la pédagogie s’est ouverte au numérique (Moodle, e-portfolio...).
Enfin, les enseignants réfléchissent à leurs pratiques pédagogiques et les font évoluer : organisation du colloque « Questions de Pédagogie dans l’Enseignement Supérieur », implication dans la SEFI (European Society for Engineering Education), journées dédiées à la réflexion sur les pratiques pédagogiques, etc.
Des projets de recherche directement connectés aux enjeux de l'innovation et du développement durable
De 2015 à 2017, l'équipe du pôle sciences humaines et sociales de l'ENSTA Bretagne a porté le projet Innoving 2020. Les impératifs du renouveau industriel (en France et en Europe), les nouvelles attentes sociétales et l’évolution des formes d’ingénierie conduisent à repenser le besoin en « innovateurs ». L’objectif de ce projet de recherche visait à chercher comment améliorer les dispositifs pour former des ingénieurs capables de faire naître et de porter des innovations dans la société.
Depuis septembre 2018, l'équipe pilote un projet de recherche européen "A-STEP 2030" qui porte sur la prise en compte du développement durable dans la formation des ingénieurs.
Interview d'Anne-Marie Jolly, Vice-Présidente de la Commission des Titres d'Ingénieurs (CTI)
Comment forme-t-on à l’innovation ?
« Former à l’innovation c’est quelque chose qui n’est ni de l’entrepreneuriat, ni de la recherche. Il faut apporter beaucoup plus d’importance à la créativité. Les enseignements d’ouverture la favorisent : les sciences humaines, l’art plastique ou encore les disciplines qui apportent une ouverture sur l’international.
De ce fait, la mobilité internationale des élèves, mais aussi des enseignants, est à encourager. Je crois beaucoup aux projets croisés (ex : formations de design et formations d’ingénieurs). Alors qu’on a tendance à enfermer les ingénieurs dans une dimension seulement technique, il faut élargir l’horizon des possibilités. Honnêtement, je pense que sur la technique pure, on a tout inventé.
La seule façon, maintenant, de faire de l’innovation, c’est de s’intéresser aux usages, donc de travailler avec des designers et des sociologues. Amener les écoles d’ingénieurs vers ça, c’est un des plus gros chantiers de la CTI ! »
Propos recueillis par Linda Gardelle, enseignante-chercheure au pôle SHS de l'ENSTA Bretagne, dans le cadre du projet Innoving 2020 en mai 2015.