L’acquisition de données bathymétriques à proximité immédiate des côtes ou par petits fonds s’avère complexe avec les moyens usuels. Le tirant d’eau des navires océanographiques ne permet pas d’approcher trop près des côtes et rend complexe la jonction des données terre/mer. Pour résoudre cette problématique, les équipes de l’ENSTA, campus de Brest, spécialisées en hydrographie et océanographie ont fait l’acquisition fin 2024 d’un nouvel équipement : l’USV Otter.
Financé dans le cadre du projet ObsOcéan par le contrat de plan Etat-Région 2021-2027, ce robot flottant vient compléter les équipements hydrographiques déjà disponibles telle que la vedette Mélité.
Avec cette acquisition, nous souhaitons monter en puissance dans le levé bathymétrique automatique, en particulier en côtier ou hyper côtier, zones où les hauts fonds (jusqu'à 0,5 m) ne permettent pas un levé bathymétrique traditionnel. Un système autonome facilite les longues missions sans intervention humaine pour un coût d'acquisition raisonné
explique Pierre Bosser, enseignant-chercheur en hydrographie à l’ENSTA / laboratoire Lab-STICC.
Les utilisations prévues sont nombreuses : le robot va servir d’outil pédagogique pour la formation des élèves-ingénieurs hydrographes et roboticiens. Il va également être mis à profit des activités de recherche menées sur le campus brestois.
L’utilisation de ce nouvel équipement va contribuer à plusieurs axes de recherche du pôle IA & Océan du Lab-STICC tels que le suivi spatio-temporel de la bathymétrie (dynamique des dunes, présence d’objets), l'estimation et la correction automatique d’erreurs systématiques, le contrôle qualité temps réel des mesures, le suivi des zones d’accrétion (modèles sédimentaires) ou encore la fusion des données acoustiques / laser.
A terme, l’enjeu est de disposer d'un système opérationnel totalement autonome pour la perception des fonds marins. Cet USV sera équipé de son propre système bathymétrique haute résolution (sondeur multifaisceau compact) ainsi que d'un treuil électrique permettant de réaliser des mesures in-situ sur toute la colonne d’eau (vitesse du son, température, salinité…). Il sera modulaire, avec la possibilité d’ajouter des capteurs complémentaires comme un sonar latéral pour de l’imagerie acoustique du fond marin ou un Lidar topométrique afin de scanner l’interface terre/mer
précise Pierre Bosser.
Des essais ont récemment eu lieu sur le lac de Guerlédan. Ils ont permis d’évaluer le lidar bathymétrique drone de l’entreprise Yellowscan, pour un levé bathymétrique de référence sur une zone où les moyens lourds habituels n’auraient pas pu être déployés.
Des utilisations sont déjà programmées pour les prochaines semaines dans le but de cartographier des épaves et vestiges (avec le laboratoire LETG) ou encore de mesurer la surface marine pour calibrer/valider les observations d’altimétrie spatiale (avec les laboratoires LOPS et LIENSs).
